En 1746, quatre jeunes Mulhousiens, Samuel Koechlin, Jean-Jacques Schmaltzer, Jean-Henri Dolfus et Jean-Jacques Feer, fondent une manufacture d’impression textile au centre de leur cité. Modeste, mais premier d’une longue série, l’établissement inaugure un mouvement dont les effets se prolongent encore aujourd’hui.
Au cours du XVIIIe siècle, l’impression s’implante et développe, entraînant à sa suite la croissance de la ville. Au siècle suivant, les révolutions de l’industrie placent Mulhouse et l’Alsace à la tête du marché mondial du tissu imprimé. L’héritage, recueilli au XXe siècle, ancre davantage encore l’art d’imprimer les étoffes dans la mémoire vive de Mulhouse.
Cette communauté de destin fait de l’Alsace une région capitale de l’impression textile. L‘impression est d’abord un art décoratif original, dont les innombrables motifs, reflets des sensibilités collectives, décrivent sur près de trois siècles une histoire formelle d’une prodigieuse diversité.
Elle est aussi une technique aux savoir-faire complexes, qui a su adopter des procédés radicalement nouveaux, s’ouvrir précocement à la mécanisation et susciter en permanence innovations et recherches. Son dynamisme en a fait un pôle déterminant des révolutions industrielles.
Motif banal et familier ou oeuvre d’exception; rideau, tenture de temple, T-shirt ou robe de bal, l’imprimé est divers et omniprésent. Par son implication dans l’intimité des intérieurs ou dans les pratiques vestimentaires, l’impression sur étoffes offre une perspective privilégiée sur trois siècles de vie privée de l’Europe.