Aux origines de l’impression textile européenne
L’histoire de l’impression textile commence en Inde. Depuis des temps fort reculés (peut-être 2000 ans avant notre ère), des artisans indiens se transmettent de générations en générations les secrets de l’art de décorer les toiles de coton. Longs, complexes et empiriques, les processus de fabrication de ces indiennes reposent sur l’utilisation de mordants, sels métalliques qui, appliqués sur la toile ont la propriété de fixer les colorants de teinture. Cette maîtrise des procédés chimiques donne naissance à une palette de couleurs riches et brillantes, où dominent les rouges de garance et les bleus de l’indigo. Les Portugais, les premiers, ramènent en Europe ces cotonnades peintes et imprimées en Inde.
Les indiennes sont les premiers imprimés , amenés en Europe à la fin du XVIe siècle. Elles séduisent vite une époque habituée aux lourdes soieries, aux lainages et aux toiles de lin. Les robes d’indiennes plaisent par leur fraîcheur et les tentures illuminent les intérieures. Ici le visiteur découvre le secret de ces imprimés avec des motifs riches aux teintes brillantes qui repose sur le principe du mordant, sel métallique qui fixe le colorant sur la fibre.
L’intensification des relations commerciales entre l’Orient et l’Occident au cours du XVIIe siècle assure le triomphe de ces étoffes légères, très résistantes à la lumière et aux lavages, aux décors vifs et variés, capables aussi de satisfaire le goût des Européens pour l’exotisme. Dans une société habituée aux lourdes étoffes de soie et de laine ou aux toiles de lin unies, le succès est fulgurant. Les Compagnies des Indes n’ont aucun mal à écouler des frets de plus en plus considérables.
Décors et marchés
L’iconographie des indiennes résulte en partie d’une stratégie commerciale. Dans leur riche grammaire décorative, les artisans indiens utilisent, souvent en réponse à des commandes précises, les éléments qui répondent le mieux à la demande de leurs clients. Sur place, les représentants des Compagnies des Indes donnent des directives précises pour la réalisation de décors adaptés au marché européen. Fleurs stylisées figurées sans profondeur, en deux dimensions, tiges ondulantes, géométrie de végétaux au naturel ou imaginaires créent une botanique ornementale où priment l’élégance du graphisme et l’équilibre des couleurs vives. Des gravures européennes circulent et servent de modèles; des figures héraldiques sont placés sur des tentures indiennes : l’échange de sensibilités assure le succès économique.